TENNIS : Nadal, Federer, Gasquet… les Petits As devenus grands

« Gagner ce titre, c’était fabuleux ! Les Petits As, c’était le tournoi où il fallait être. » Paul- Henri Mathieu, actuellement 97ème joueur mondial, a remporté la compétition réservée aux jeunes âgés de 14 ans et moins en 1996. Vingt ans après son succès dans le tournoi, et alors que la 34ème édition a débuté jeudi 21 janvier. Paul-Henri Mathieu en garde un très bon souvenir.

« C’est le rendez-vous incontournable pour les jeunes, avec une vraie organisation professionnelle. C’était un peu notre mondial à nous. Beaucoup de joueurs qui sont passés par là ont réussi par la suite. »

Avant de devenir un tournoi de référence, les Petits As étaient surtout une histoire de famille, celle de Jean-Claude Knaebel. Avec sa femme et son beau-frère, il organise la première édition en 1983, à Tarbes. Aidés par la Fédération française de tennis, ils parviennent à attirer des joueurs issus de quatre nations différentes. Aujourd’hui, le tournoi en réunit 45.  » Jamais nous n’aurions pensé que notre aventure sportive et humaine allait prendre une telle ampleur » , raconte Jean-Claude Knaebel.

Michael Chang, le déclencheur

L’année 1986 est un véritable tournant dans l’histoire de l’épreuve. Claudine Knaebel, la femme de Jean-Claude, se rend en Floride pour assister à l’Orange Bowl, un autre tournoi pour les adolescents. Elle y repère un jeune joueur prometteur. Ce joueur, c’est Michael Chang. Claudine Knaebel sympathise avec la mère du garçon et leur propose de venir à Tarbes pour participer aux Petits As.

Cette année-là, Michael Chang remporte le tournoi sans perdre un seul set. Trois ans plus tard, il devient le plus jeune joueur à s’imposer à Roland-Garros, à 17 ans et trois mois. « Les gens se sont demandé d’où il sortait, racontre Jean-Claude Knaebel se remémorant. Quand ils ont su qu’il était passé par Tarbes, il y a eu un véritable élan médiatique qui a rendu notre tournoi célèbre. »

Federer, l’indiscipliné

Depuis, le palmarès de l’épreuve n’a fait que s’enrichir: Martina Hingis remporte la victoire en 1991 et 1992 ; Richard Gasquet, en 1999 ; Rafael Nadal, en 2000. Novak Djokovic, lui, s’arrête en quarts de finale en 2001, tout comme Marin Cilic en 2002, ou Gilles Simon en 1998.

Progressivement, le tournoi s’impose dans le milieu comme un révélateur de jeunes talents. « Sur les dix meilleurs joueurs mondiaux actuels, huit ont participé au tournoi, expose Jean-Claude Knaebel. C’est ce qui fait notre notoriété. »

Chez certains joueurs, ce potentiel à intégrer l’élite mondiale était déjà détectable : « Que ce soit Gasquet, Nadal, Djokovic ou Murray, vu leur talent et leur comportement sur le court, on savait qu’ils iraient loin », se souvient l’organisateur. C’est aussi le cas de Quentin Halys, vainqueur des Petits As en 2010, et qui vient d’affronter Novak Djokovic au deuxième tour de l’Open d’Australie.

D’autres n’ont pas fait grande impression lors de leur passage dans les Hautes-Pyrénées. Notamment Roger Federer, qui, en 1995, s’incline en huitièmes de finale. « Sur le court, il était indiscipliné, chahuteur, évoque Jean-Claude Knaebel. On n’avait pas l’impression qu’il allait faire grand-chose par la suite. Quand on voit le grand champion qu’il est aujourd’hui… C’est devenu le joueur parfait, calme et concentré. »

« Pas de recette miracle »

Les Petits As, c’est aussi l’occasion de se confronter au « business » du tennis. « Il y a des agents qui gravitent autour des joueurs et des parents, qui tentent de les mettre ne relation avec les marques », explique Paul-Henri Mathieu. « Ils cherchent le profil du champion, celui qui va confirmer son talent ou bien se révéler pendant le tournoi », analyse Michel Renaux, juge-arbitre de la compétition depuis sa création.

Si l’épreuve est, selon Michel Renaux « le meilleur tournoi mondial pour les adolescents », une victoire aux Petits As ne mène pas forcément à une place de numéro 1 mondial. Comme pour Anna Kournikova, qui a remporté le tournoi en 1984.  » Elle était déjà habillée par Adidas, elle était réservée à une grande carrière », décrit Jean-Claude Knaebel. Mais la Russe, une fois passée professionnelle, ne décrochera jamais de titre en simple.

« Il n’y a pas de recette miracle pour faire carrière, pas de passage obligé, remarque Paul-Henri Mathieu. Les Petits As, c’est un plus, ça nous permet de nous frotter aux meilleurs jeunes mondiaux et de voir où on se situe. » La 34ème édition, qui se déroule du 21 au 31 janvier, réunit 320 joueuses et joueurs. La relève est assurée.

LE MONDE.fr – Edition du 22.01.2016 par ELODIE TROADEC.

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