HAROLD MAYOT A DEJA TOUT D’UN PRO

Le champion de France 13 ans affiche une étonnante maturité conjuguée à une énorme confiance en lui.

Sur le bord du court, le jeune homme apparaît sûr de son fait malgré l’attente. Champion de France en titre chez les 13 ans, le Lorrain n’a visiblement pas été perturbé, hier, par l’interminable match joué sur le central (2h 45) mettant aux prises son homologue féminine Giulia Morlet qui n’a fait que retarder son entrée dans la compétition. Harold Mayot, lui, n’a en revanche pas traîné en balayant facilement le Japonais Ryotaro Koshiba 6-3, 6-2, malgré un match très moyen de son propre aveu.

« Plus habité que les autres »

Eliminé l’an passé au premier tour par le futur vainqueur Chun Hsin Tseng, le licencié du TC Marly (2/6) fait cette année partie des favoris (tête de série n°6) et affiche une confiance en lui vraiment étonnante alors qu’il vient de s’imposer ce week-end à Bolton (important tournoi de catégorie 1 en Angleterre). « Je peux comprendre que son assurance puisse passer pour de l’arrogance », admet Bruce Liaud, son entraîneur au pôle espoirs de Poitiers, qui décrit son protégé comme un véritable stakhanoviste de travail n’ayant « aucune limite » et « plus habité par le tennis que les autres ».

Affichant une étonnante maturité, Harold Mayot tient un discours lucide sur son statut de grand espoir. « Pour quelqu’un de mon âge, on ne peut pas dire que j’ai une vie vraiment normale » souligne-t-il. Depuis son arrivée à Tarbe, le garçon à la casquette rouge sur le court est épié et doit répondre à plusieurs sollicitations médiatiques, notamment aux interviews télé de grandes chaînes. Un exercice qu’il maîtrise parfaitement avec un ton, un débit de taulier. « La presse, on s’y attend, donc on s’y prépare. Si j’aime ça ? Oui, oui, bien sûr ! Je savais qu’aux Petits As, j’allais être scruté. On est babitué mais c’est vrai qu’ici, c’est la démesure par rapport aux autres tournois. Regardez (il montre les photographes), là on sort de confértence de presse et il y a une dizaine de photographes !  » En Bigorre, le jeune Français avoue évoluer avec de la pression sur les épaules. « Oui, mais elle est positive », corrige-t-il immédiatement. « Sa plus grande force, de toute façon, c’est sa tête », rajoute même son mentor, qui avait déjà couvé Quentin Halys lors de sa victoire en 2010.

Objectif victoire

Doté d’un revers à deux mains redoutable, Harold Mayot possède une large marqe de progresion, constate Bruce Liaud. « Son coup droit est moins naturel mais il sert de mieux en mieux. Et physiologiquement, il est en retard, ce qui est plutôt bon signe en général ». Ce qui serait bon signe également, ce serait de remporter les Petits As, son gros objectif de la saison. « C’est évident que c’est le meilleur tournoi du monde pour les 14 ans et que c’est important pour moi. Mais cela ne va pas conditionner mon avenir » (il fait référence au fait que Novak Djokovic ou encore Roger Federer ne se sont pas imposés ici). Certainement que le Lorrain s’imagine de cette trempe. Car il est catégorique, il n’aura qu’un sentiment d’accomplissement le jour où il aura réussi à gagner les Jeux Olympiques, la Coupe Davis et un grand chelem. Le chantier est immense mais impossible n’est pas français.

Valentin Marcinkowski – La Dépêche du Midi – La Nouvelle République des Pyrénées – Edition du 27.01.2016.

Photo Ch. Jarno : Harold Mayot et son entraîneur Bruce Liaud.

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